L'herbe qu'on croyait d'un seul tenant
d'un seul tapis sous les vaches
a commencé à montrer ses secrets...
le brin d'herbe
comme le tracé de trait le plus fin...
le roseau qui était le premier crayon
des insectes-brindilles
des lianes volubiles et inarêtables
on a marché vers les hautes herbes
qui cachent l'objet de nos peurs
("La mort est un tigre caché dans les herbes." dit le Mahabharata)
on a de trouvé dans l'herbe des signes
visions nourries de récits magiques
du temps où on cueillait le millepertuis à la Saint-Jean
où on disait que l'esprit du blé se réfugie dans la dernière gerbe coupée
qu'il faut soigneusement garder sur la porte de la grange
comme porte-bonheur pour les saisons à venir
Mais de temps en temps,l'herbe disparaissait, de jour comme de nuit,
dès qu'on y posait le pied pour essayer d'en saisir le motif
Couper la dernière gerbe on disait que c'était:
"couper les pattes du chien qui recule"
et c'est un peu ce qu'on sent au moment d'imprimer la dernière page de cette série de gravures
l'essentiel nous échappe encore
mais la récolte est faite !
Le montage du livre à 6 mains se fera bientôt...
( bouquet d'herbes récoltées de part et d'autre de l'océan ))
(( à suivre... ))